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LES AMIS DU MUSEE TAURIN ARLES
17 novembre 2022

LETTRE A L'ANTI par ROBERT REGAL, président de l'AMTA

 

 

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Lettre à l’anti 

Copie pour l’aficionado

 

 

Cher anti,

 

L’anti, cher ami, pourquoi pas ? Pourquoi ne pas chérir son contraire qui permet la discussion, la révélation, la consternation, la désolation, la révolution que n’offre pas le monologue ? En cas de discordance d’opinions, il existe deux types d’attitudes : l’une du psychorigide obtus qui pense détenir l’unique vérité et veut ignorer ou détruire toute mise en cause ; l’autre de celui qui doute – en lui et en une vérité qu’il conçoit multiforme – et qui sera plus accessible au dialogue. Je préfère, de façon utopique sans doute, le second interlocuteur, plus intelligent et plus perméable, mais hélas plus rare.

Quand sur le chemin des arènes tu me traites d’assessino parce tu me crois, dans ton raisonnement abusivement et bêtement réducteur, barbare et sadique, « c’est un peu court, jeune homme. » Tu ne me culpabilises pas, tu m’amuses et m’attristes – par compassion pour toi. Sais-tu que j’évite de marcher sur une fourmi – je te jure que c’est vrai – et que je déplore sincèrement la tragédie de la multitude de moustiques, et de papillons de nuit plus sympathiques, qui s’écrasent sur mon pare-brise au gré d’une ballade estivale et vespérale sur les chemins de Camargue ? Je ne suis donc pas le sadique idéal. J’ai envie de te plaindre pour ta naïveté et, en même temps, je m’irrite de ton inculture et de la perversité de ceux qui te manipulent, payant ton activisme aveugle au moyen de ressources financières internationales puissantes, non innocentes, à la recherche d’une nouvelle humanité pécuniairement exploitable. Barbarie, tortura! Tu craches ces mots avec délectation à notre encontre. Et tu fermes les yeux dans un silence complice devant les vraies atrocités du monde.

 

Pour ma part j’ai compris les impasses inévitables de la vie, notamment de sa fin. Comme toi j’aspire au même rêve, à une vie douce et éternelle, pour moi et toutes les espèces vivantes de la planète, animales et aussi végétales. Mais peux-tu imaginer l’horreur de la permanence ? Les cellules cancéreuses ont le même désir d’éternité, à leur niveau microscopique : elles se multiplient de façon anarchique jusqu’à étouffer et détruire leur hôte, comme les humains le font pour notre terre, ou les animaux dont la multiplication serait incontrôlée. Et le cancer fait peur, plus que toute autre maladie. Poussée jusqu’à son extrême, l’illusion animaliste ne peut que buter sur le mur infranchissable de la surpopulation et de la concurrence anarchique entre les espèces. Déjà il a fallu que Noé fût un redoutable dompteur pour maintenir l’ordre dans son Arche !

Et où placer le cursus de la nuisibilité ? Les microbes, les bactéries, les virus ont droit de cité, autant que nous. Nous cohabitons harmonieusement jusqu’au jour où nous devons engager contre eux une lutte à mort, dès leur manifestation nocive. Je suppose que tu n’as jamais pris le moindre antibiotique et que tu es hostile à toute vaccination.

Il faut se faire une raison et admettre que, depuis que nous sommes sortis en rampant péniblement d’eaux profondes et mystérieuses, notre espèce, cruelle envers nos colocataires, a dû traverser nombre d’étapes douloureuses et que nous avons de sacrés – au sens vulgaire et non liturgique de cet adjectif – antécédents qui ont fait ce que nous sommes. Et il faut faire avec. Au fond, plutôt qu’assassin, tu devrais me traiter de fou, limite schizophrène, car je me sens dichotomisé : mon cœur est végan comme le tien, mon estomac carnivore par évolution biologique et mon esprit aficionado par culture.

 

Revenons-en donc aux choses sérieuses : après les dauphins, les animaux captifs, le gibier et le fois gras, ce dont tu veux débattre aujourd’hui c’est du taureau et de la corrida. Je suis ton

 

homme. Permets-moi, afin d’escrimer à armes égales – je suis fair-play – de t’inculquer quelques notions élémentaires qui semblent te faire défaut. Je serai franc avec toi, quitte à apporter parfois de l’eau à ton moulin, en te demandant en contrepartie de croire à ma sincérité lorsque certains arguments te dérangeront. Pour ne pas être considéré comme sectaire ou tout simplement ignorant, je me suis contraint à lire les plumes les plus prestigieuses qui portent ta croyance. Puisses-tu faire de même en retour : tu aurais le choix, tant sont nombreux les artistes les plus illustres séduits par ce que tu abhorres.

Pour ma part j’ai lu les 566 pages de Cosmos, sous-titré Une ontologie matérialiste, produit par Michel Onfray, philosophe très médiatisé que tu dois connaître (Cosmos. Éditions Flammarion. 2015. 566 pages). L’ouvrage est composé de cinq parties ; la troisième, qui s’intitule « l’animal, un alter ego dissemblable », est à verser à notre débat. Le témoignage est à charge, comme on pouvait s’en douter de la part d’un végétarien occasionnel, d’un végétaliste, gardant toutefois une sage retenue devant l’extrémisme des végans. La profonde déception que l’on ressent vient du fait qu’un esprit brillant et doté d’une intelligence vive fasse preuve de mauvaise foi et de sectarisme – c’est son droit – mais aussi d’incompétence (manifestement l’auteur est plus au fait des pérégrinations de l’anguille lucifuge que de la vie au campo du taureau de combat) et s’appuie sur une argumentation éculée, fausse et d’une banalité triviale, ressassée inlassablement par les anti-taurins basiques, tranchant avec la teneur d’un ouvrage qu’elles dévalorisent, discréditent et rendent par là-même sujet à caution. L’argument principal tourne autour de l’érotisation de la corrida. Et, à la décharge de l’auteur – et j’en conviens – trop de textes d’un mièvre et démodé romantisme évoquent (par métaphore) l’accouplement de l’homme et du taureau (qui est le mâle et qui est la femelle ?) en oubliant le fondement de la corrida : un combat exaltant les qualités viriles, au sens romain c’est-à-dire moral et pas seulement physique, des adversaires. Balayés Michel Leiris – c’est lui qui morfle le plus – un impuissant, Georges Bataille un nécrophile, Montherlant un pédophile, Hemingway un malade somatique et mental. De toutes façons, tous suicidaires ou suicidés. Quant aux aficionados ils sont sans appel catalogués de pervers et voyeurs. Viennent ensuite encombrer le réquisitoire, cautionnés par le Dictionnaireculturel en languefrançaise d’Alain Rey (irruption de notions livresques à l’appui d’une démonstration douteuse), les termes de torture et de cruauté, emphatiquement illustrés par une hypertrophie fallacieuse des blessures sadiquement infligées au toro et aux victimes collatérales que sont les chevaux, dont les entrailles répandues font encore florès. Quant à la mort du matador – simple accident du travail – elle serait « un lieu commun qui fonctionne comme le loup dans les contes pour enfants : il fait peur mais ne mange jamais personne. » Il est surprenant qu’un penseur de ce calibre fasse à propos de la corrida une si grave erreur de diagnostic ou, pour rester dans le domaine de la plume, un si grossier contresens : il n’y a pas plus de sadisme chez les acteurs et spectateurs de corrida que chez les mastiqueurs de coquillages et crustacés, de homards grillés vifs, de viandes crues ou dorées et, pour aller jusqu’au bout du paradoxe, … de salades qui ont leur propre vie. L’on n’oserait pourtant les accuser d’un tel travers sous peine de ridicule. En effet au-delà du passage obligé de la blessure et de la mort du taureau, qui ne sont en rien un but vicieusement recherché en soi, c’est bien autre chose qui nous séduit, nous instruit et nous élève. L’auteur donne lui-même l’explication de son ignorance et son incompétence en avouant (à propos de l’art contemporain, mais transposable à l’art tauromachique) : « je ne disposais pas des codes et je ne pouvais rien comprendre de ce qui était exposé.» Faute avouée est à demi pardonnée ; pourrais-tu avoir sa franchise ! Pour équilibrer en toute objectivité les plateaux de la balance philosophique, je t’incite à lire de ton côté Francis Wolff, fervent défenseur, lui, de la cause tauromachique (Philosophie de la corrida. Éditions Fayard. 2007. 322 pages ; et Cinquante raisons de défendre la corrida. Éditions Suerte. 2010. 66 pages).

Le deuxième personnage que je voudrais évoquer est un bateleur qui sévit un temps dans l’émission Onn’estpascouchéde Laurent Ruquier. Mais l’homme, depuis, a franchi la Seine, des plateaux télé à l’Assemblée Nationale. Devenu député, il détient dès lors les pouvoirs de sa nouvelle fonction et, comme Jean, nous promet l’Apocalypse. Aymeric Caron – car c’est de lui dont il s’agit – a produit Antispéciste(Éditions Don Quichotte – tout un symbole ! – 2016. 481 pages). Tu peux m’interroger, je sais tout désormais sur la nébuleuse écolo-animaliste : les végétariens, les végélaliens, les végans, les welfaristes, les abolitionnistes et ce qu’ils prônent. Oui, il est légitime de se déclarer antispéciste quand on ne peut tolérer le spécisme, véritable racisme anti-animal ; quand l’on n’accepte pas la théorie – ou la croyance – que

l’homme est une espèce élue, spécialement créée par un Dieu hypothétique, mais que l’on croit au contraire qu’il est plutôt l’aboutissement d’une évolution le plaçant – provisoirement ? – au sommet des espèces. Oui, on a le droit d’être athée, et de penser que l’homme reste un « animal humain » au même rang que les « animaux non humains ». Oui, on peut déplorer les élevages industriels, les poules en batterie et les scandales de quelques abattoirs. (Je remarque, en passant, que la corrida est l’antipode de telles pratiques). Mais la pensée d’A. Caron va bien au-delà de la simple défense de la cause animale, car son texte aborde des problèmes de société beaucoup plus larges et prend quasiment le ton d’un pamphlet anticapitaliste et anti-libéral, aux accents révolutionnaires, voire anarchistes. Il convient d’instaurer une « bio-démocratie » et d’imaginer la « République du Vivant », dans laquelle les animaux non humains, enfin libérés dans une nature sans contraintes, ne seraient plus exploités et soumis à des « propriétaires » mais au contraire protégés par des « tuteurs » chargés de porter leurs voix (!) au sein même des instances décisionnelles, sommées d’en tenir compte. Quand est affirmé avec force et de façon peut-être prémonitoire, hélas, que

« l’antispécisme est la révolution idéologique du XXIe siècle », il y a lieu de s’inquiéter, dès lors que l’on assiste déjà à l’expansion de certains courants politiques de cette mouvance et que l’on sait, par triste expérience, combien toute idéologie est dangereuse.

Cette dernière remarque me permet de passer au troisième larron. Arno Klarsfeld décrit dans ÂmesetAnimaux(Éditions Fayard. 2021. 356 pages) le journal de son confinement. Quand on connaît son ascendance et la chasse aux nazis à laquelle ses parents, Serge et Beate Klarsfeld, ont consacré leur existence, on pouvait s’attendre à des propos profonds mis en perspective avec les atrocités génocidaires commises tout au long du siècle dernier. Il n’en est rien. S’il prône l’interdiction de la corrida, comme de la chasse à courre, ce n’est que sur des arguments futiles et éculés. Manifestement il n’a approché que les chiens et chats familiaux hébergés dans son appartement, en compagnie de ses parents, à l’occasion de la pandémie et qu’il considère avec un anthropomorphisme sirupeux qui fait ranger son bouquin sur l’étagère consacrée à la Bibliothèque Rose. Tu vois que, bon joueur, j’ai consacré un long développement aux écrits de nos contradicteurs : l’intellectuel ignorant, le sectaire dangereux et l’avocat naïf.

Il manquait le moins littéraire mais le plus redoutable : pas l’homme de plume mais le politicien de base, sincère peut-être mais sectaire. Je l’ai trouvé en la personne de Loïc Dombreval. Tu dois le connaître. Député de la deuxième circonscription des Alpes Maritimes, il a la réputation d’être le « Brigitte Bardot de l’Assemblée », le « député des animaux ». Sa parole est d’autant plus inquiétante qu’il a une formation de vétérinaire. Il a publié en 2021, chez Michel Lafont, un essai de 191 pages intitulé Barbaries, préfacé par l’éphémère ministre écologiste Nicolas Hulot. Tu ne trouveras pas d’envolée inoubliable mais un catalogue administratif des turpitudes qui fait monter les larmes aux yeux : du broyage à vif des poussins, de la castration et du coupage de queue (toujours à vif) des porcelets, des conditions d’élevage des poules pondeuses, des visons – qui viennent de se venger de façon redoutable par coronavirus interposé – et des lapins angoras, sans omettre l’abattage rituel et l’expérimentation animale, etc. Qui peut lui reprocher de bombarder l’Assemblée de projets

de lois, d’amendements en faveur du bien-être animal ? Personne… ni moi. Ce qui me gêne est l’amalgame qu’il fait, par ignorance plus que par mauvaise foi, de toutes les activités qui touchent tant soit peu à nos frères vivants non-humains, sans graduation ni nuance : le cirque, les delphinarium, la chasse – pourquoi pas la pêche ? – et… la corrida ; tout dans le même sac et à la baille ! Sans admettre que, si l’on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, on ne fait pas non plus de tradition sans quelques cruautés anachroniques.

En forme de transition, et pour le plaisir des yeux car magnifiquement illustré, je te conseille la lecture du dernier ouvrage de Michel Pastoureau : Le Taureau – Une histoire culturelle (Éditions du Seuil. 2020. 160 pages). L’auteur connaît mieux son sujet que les précédents. Certes dans le neuvième et dernier chapitre, consacré à la corrida, il apparaît ne pas faire partie des aficionados de verdad, puisque il écrit, se référant aux arguments habituels avancés par ces derniers : « La plupart de ces arguments dérisoires, sinon fallacieux, feraient sourire si la souffrance du taureau n’était pas si grande, le spectacle si cruel, et le rituel si barbare. » Il ne faut donc pas chercher en lui un allié et un militant en faveur de notre passion pour la chose taurine. En revanche j’ai retenu une remarque judicieuse et à méditer. « Des origines pas si anciennes », pense-t-il à propos de la tauromachie, du moins celle dite moderne qui nous passionne et que tu réprouves. Certes le taureau est un animal spécial, qui occupe une place particulière dans son interaction avec le genre humain depuis des millénaires mais les prémices de la corrida espagnole elle-même peuvent être situés aux XVIe et XVIIe siècles. J’aimais l’idée d’un continuum jusqu’à nos jours, depuis les peintures rupestres des grottes d’Altamira et de Chauvet, les légendes mythologiques qui font rêver, les frasques zoophiles de Zeus, d’Europe, de Pasiphaë, l’appétit du terrible Minotaure qui séduisit tant Picasso, l’Éros et Thanatos de Manolo Ruiz Pipo, le culte de Mithra détrôné par le christianisme – je ne suis pas persuadé que nous ayons gagné au change. Je m’en console en apprenant que le pape Alexandre VI Borgia, un homme cultivé, mécène généreux, portait un taureau dans ses armoiries ; mais… peu fréquentables les Borgia, me diras-tu. André Viard vient, à contre-pied, d’écrire La chairetlesensunereligiondutaureau (Éditions Au diable vauvert. 587 pages), ouvrage argumenté qui prône la thèse inverse : l’universalité dans le temps et l’espace du combat de l’homme contre le taureau. Mais ne chipotons pas : la corrida ne serait donc pas une vielle dame millénaire mais seulement pluri-centenaire. Soit : ce n’est déjà pas mal et ça suffit pour en faire une tradition.

Tu t’en bats les couilles des traditions ! Houlà, sois poli. Tu pourrais dire plus poliment que tu n’en as rien à cirer, c’est plus classe. Tu as le droit de rester inculte ou de penser qu’il faut faire évoluer les traditions – ce qui, en passant, pour le moins est paradoxal et contradictoire – avant de les détruire, but final de ta perfidie. Pourrait-on tolérer de nos jours les sacrifices humains des Aztèques et l’appétence délicate de certaines tribus cannibales pour la chair délicieuse et sucrée de leurs congénères ? Je te ferai remarquer que le combat de taureaux s’est déjà bien édulcoré : les chevaux, historiques victimes collatérales de la Fiesta, considérés cruellement naguère comme les « clowns de la corrida » lorsque, éventrés, ils se prenaient maladroitement les sabots dans leurs propres entrailles, sont désormais hyper-protégés (initiative française !), entraînés comme un pack de rugby, exceptionnellement blessés. Mais attention : si ce qui n’évolue pas est voué à disparaître, ce qui évolue trop perd le contact avec ses racines pour devenir une émanation inconsistante et sans sens ni intérêt. C’est bien sur le critère d’une tradition ininterrompue que la justice t’a jusqu’à présent débouté de toutes tes actions frénétiquement portées devant les tribunaux. Soyons pour notre part des justiciables heureux (pour l’instant), comblés, obéissants et respectueux de ces décisions et de la loi. Mais arrêtons là la polémique juridique, car j’ai encore beaucoup de choses à te dire.

Plantons, si tu le veux bien, et pour ton information, le décor historique en le limitant, par conséquent, à la tauromachie que l’on peut qualifier de moderne et dont la survivance t’irrite. A l’origine – ne l’oublie pas – était le jeu. Du moins pour l’homme. Il en reste des traces. Lorsqu’en fin de tienta, l’amateur est invité à tirer quelques passes improbables de la vaquilla et qu’il s’envoie maladroitement l’animal sur lui, ceux qui regardent rient. Comme les spectateurs des « taureaux-piscine ». Quant aux intrépides atrapaïresdes abrivadoou coureurs d’encierros, ils jouent – parfois leur vie – pour sentir passer dans leurs veines un flux d’adrénaline enivrante, sans autre espoir de gain. Le toro, lui, ne joue jamais. Le cerveau bovin n’a le choix qu’entre les deux bras d’une alternative : soit la peur et il refuse le combat et fuit (le manso, au fond pas si bête), soit l’agressivité qu’il ne contrôle plus, malgré la douleur supposée et l’épuisement (le bravo, plus obtus). C’est au nom d’un anthropomorphisme, qui se voudrait poétique et qui finalement ne respecte pas la nature de

l’animal – j’en conviens – que certaines plumes voudraient faire croire que ce dernier

« se prête au jeu », que l’on peut lui « apprendre à charger » de la façon que l’on attend de lui, lui « apprendre à collaborer ». Le QI bovin ne lui permet pas un tel apprentissage apparenté à un dressage. Ne confondons pas les jeux de l’arène à ceux du cirque ; laissons au toro sa sauvagerie innée, sans l’affubler de qualités imaginaires qui ne seraient que défauts dégénératifs. Tu vois déjà que l’approche est multiforme et subtile.

Mais l’innocence humaine dure peu – j’en conviens également – pervertie par des facteurs endogènes et exogènes. La populace, fruste dans les temps primitifs, introduisit des pratiques tauricides qu’il faut bien reconnaître inadmissibles : tout était bon, aiguillons, épieux, couteaux, poignards, demi-lune pour blesser, larder, mutiler et achever le toro, dans une frénésie dépourvue de la moindre règle éthique. Il serait inutile et contre-productif de nier ou d’approuver de telles pratiques au risque de s’en faire complices honteux. En même temps, les aristocrates, juchés à l’abri sur leur monture richement caparaçonnée, “se la jouaient” – pas la vie –, ne voyant dans leur comparse cornu qu’un faire-valoir qui leur permettait de faire la cour à moindre risque à leur souverain ou à une courtisane bien introduite (sans allusion vulgaire), à la recherche d’avantages sociaux ou charnels. Il serait possible d’en retrouver quelques résidus dans notre société aujourd’hui, y compris en dehors du monde taurin.

Puis ce furent les règles, puis ce fut l’art.

Les règles, garantes du respect d’une éthique au cours du combat, furent imposées par les toreros eux-mêmes, ce qui est remarquable, et codifiées par les premiers traités de tauromachie (José Delgado Pepe Hillo, dès 1796 ; Francisco Montes Paquiro, 1836 ; J. Sánchez Lozano traduit en français par Aurélien de Courson, 1894) et par les règlements ultérieurs. Dès lors toute inconduite devenait sanctionnable par l’autorité.

L’art vint plus tard et tu auras sans doute plus de peine à l’appréhender. Comment voir de l’art dans le contexte de cet affrontement sauvage (« La corrida, il y a du soleil, des mouches, ça sent la merde et j’aime ça », a l’habitude de dire un de mes amis) ? Comment est-il possible de dégager une impression artistique à partir d’un tel matériel ? Je te l’expliquerai en deux étapes, strates ou couches. La première se produit de façon éphémère sur le sable du ruedo, ressentie par l’officiant et transmise aux gradins : une force involontaire prend naissance, de façon presque douloureuse ou agréable du plus profond du corps du torero (comme de celui du chanteur ou de la danseuse de flamenco) pour gagner comme une onde invisible le spectateur communiant ; l’Espagnol parle du duende, que Federico García Lorca a si bien exprimé (Jeu et théorie du Duende. Éditions Allia. 2010). La seconde est secondaire, plus tardive et plus lointaine, naissant hors de l’enceinte de l’arène : celle-ci tu la connais et ne peux nier. Je fais allusion à tous les artistes, peintres, sculpteurs, écrivains, musiciens inspirés et transcendés par la corrida et dont la liste des œuvres emplirait un bottin. Je te laisse la tâche de les recenser, si tel est ton désir. Mais je te préviens ce sont des arguments à charge contre ta position.

 

Mais pourquoi donc avoir élu le toro pour s’exprimer si brillamment ?

As-tu remarqué que la langue de Cervantès s’est enrichie d’un verbe spécifique pour traduire les rapports établis entre l’homme et cet animal privilégié ? Peut-on imaginer, quand on joue avec son chien ou son chat, que l’on “chienne” ou que l’on “chatte”. Ou que le pêcheur aille “truiter” ou “mouler” et que le chasseur parte “lapiner” ou “bécasser” ? De même on ne “léone” pas les lions, pas plus que l’on ne “tigre” les tigres : on les dompte. Quant au cheval, meilleur ami de l’homme, on le dresse au départ pour le monter, mais “chevaucher” ne renvoie pas forcément au cheval, puisque les sorcières sont bien connues pour chevaucher pacifiquement leur balai. En revanche on “torée” ce quadrupède unique qu’est le toro, le seul à avoir engendrer un verbe réservé à la rencontre active toro-torero : “toréer” (ou pratiquer le toreo).

Le petit veau bravo, dès sa naissance, encore enduit de liquide amniotique, tremblotant sur ses pattes graciles, a l’instinct de charger la jambe du bouvier. Devenu grand, dans l’arène où l’a conduit son destin, il va combattre jusqu’à la mort. Le toro est le seul animal de la création qui se comporte ainsi : les autres, les plus féroces, abandonnent l’affrontement dans la nature s’ils sont blessés, ou reculent devant le geste menaçant du dompteur. Pendant les premières années de sa vie, le toro va diriger son agressivité naturelle contre ses frères de campo, dans une lutte parfois mortelle, pour établir une hiérarchie au sein du troupeau, les plus fanfarons d’ailleurs n’étant pas les braves plus tard lors de leur ultime combat public.

 

Dans un but pédagogique et pour clarifier mes propos qui peuvent te paraître quelque peu abscons, viens, je t’emmène, nous allons suivre le toro. Rien ne vaut sa propre expérience.

Es-tu allé au campo à la tombée d’un jour d’été ? Tu devrais. Tu entendrais un concert mêlant les dernières notes aigues des oiseaux avant la nuit, les crissements rythmiques des grillons et, impressionnants, les sons graves et roques sortant de la gorge profonde des toros, que l’on devine proches, sereins et vantards de leur puissance contenue. C’est cette symbiose écologique, miraculeusement préservée et fragile, que tu voudrais définitivement saborder ? Cite-moi un animal qui va passer quatre ou cinq ans d’une telle existence idéale, avant de livrer un combat auquel le poussent tous ses gènes. Un artiste peintre reconnu me disait récemment qu’il préfèrerait pour sa part une mort acclamée après avoir combattu un grand torero qu’une fin lamentable et anonyme dans un obscur et humide abattoir, de Chicago ajouta-t-il.

 

Fais un effort : accepte maintenant d’entrer au moins une fois dans une arène assister à une corrida de toros, accompagné – je te le conseille – d’une personne de confiance et avertie de la chose taurine, à même de te faire approcher, et plus si affinité, les nuances de ce spectacle que tu crois si simple et si rébarbatif.

Ne crois pas, quand tu vois sortir le toro du toril, avoir affaire à une bête quelconque : tu rencontres là un “individu” non humain, non interchangeable. Il n’est pas n’importe quoi ni n’importe qui. Il a une famille, il est le rameau d’un arbre généalogique documenté, argumenté, enregistré que beaucoup d’entre nous – moi le premier – peuvent lui envier. Il porte un nom qui n’a pas été choisi au hasard et qui, pour certains, restera dans les mémoires pendant des décennies voire des siècles.

Maintenant une recommandation : observe le toro, regarde le torero. Chacun, dans son registre et par leur rencontre, va contribuer à ton instruction tauromachique et plus largement à ton instruction civique : l’animal avecsa nature instinctive de combattre pour tuer, l’homme contre sa nature qui serait de fuir et se protéger.

  • Avec le toro, on est dans le primitif ou le primaire. Certes on ne va plus le chercher, comme aux premiers temps de la tauromachie dans la campagne profonde, parmi les

plus méchants de sa race, en présumant qu’il serait un bon combattant dans l’arène ; désormais quatre à cinq années sont consacrées dans les ganaderias au sportif de haut niveau qu’il est devenu. Il n’est pas, contrairement à ce que tu pourrais penser, domestiqué ; il n’a jamais vu un homme à pied. Sa sauvagerie, il la tient de ses gènes très précieux, mais fragiles. Arrêter les spectacles tauromachiques et son espèce entière disparaitra. Tu me diras que l’on peut rechercher l’accès d’adrénaline dans d’autres activités. Le dompteur entre encore, pour l’instant, dans la cage aux fauves, mais des fauves par définition domptés et dressés. L’alpiniste et le coureur de formule 1 risquent leur vie, mais le risque est calculé et techniquement maîtrisé sauf accident. Le torero est face à un être vivant agressif, aux réactions non prévisibles, devant lesquelles il devra réagir et cela fait toute la différence. Un esprit pervers imaginera peut-être un jour, grâce à l’intelligence artificielle, un robot-toro, à la genèse basée initialement sur des calculs humains, mais qui, issu d’un programme conçu mathématiquement, ne pourra jamais égaler l’imprévisibilité et les aléas de la matière vivante.

Dès le premier tiers de la corrida, celui des piques, tu seras choqué, car tu penses que c’est le moment le plus mutilant et le plus pénible. Je reconnais que les picadors ne respectent pas toujours les règles et l’habileté leur fait parfois défaut. Je ne vais pas te rabâcher l’excuse des endorphines anesthésiantes voire stimulantes, que connaissent et recherchent les compétiteurs (y compris les toreros), drogue endogène réputée atténuer ou occulter la douleur. Mais je crois que cette phase du combat répond le mieux à l’agressivité instinctive du toro qui a enfin “quelque chose à se mettre sous les cornes” : il retrouve alors les luttes qu’il connaît déjà et qu’il a menées contre ses congénères de campo. Lors des autres phases de la corrida, il ne rencontre que des étoffes inconsistantes, des leurres fuyants, tolérables dans la mesure où ils sont maniés qu’avec l’éthique permanente qui justifie la corrida. « Tromper sans doute, mais sans mentir », telle est la maxime que doit respecter le maestro ; autrement dit ne pas tricher, être sincère en laissant des chances (relatives certes) au toro, la limite étant le respect de sa propre vie.

  • Car il faut bien parler de l’homme, ton frère humain, que toi et les tiens oublient ou haïssent. Sais-tu ce qu’implique “toréer” ? Un tableau simple et classique pour l’illustrer. Imagine-toi sur la voie d’un TGV qui fonce sur toi : « tu t’enlèves ou il t’enlève », penseras-tu en toute logique, comme le pensait d’ailleurs une gloire ancienne du toreo aux prémices de la tauromachie moderne. Eh bien, non. Tu dois rester les pieds cloués au sol, imposer ta volonté à tes jambes qui ne cherchent qu’à détaler, à tes entrailles qui se nouent, espérer que le miracle que ce train infernal te contourne malgré sa vitesse et sa hargne se produise, savoir que tu vas le ralentir et le guider non pas par force mais par la souplesse de ton poignet. C’est alors que surgissent efficacité, héroïsme et … art, valeurs morales et esthétiques mêlées.

 

Si ton esprit n’était pas obnubilé par une haine primaire féroce autant qu’injustifiée, tu me poserais la question suprême – comme l’estocade est la suerte suprême –, au fond recevable et qui pourrait peut-être me déstabiliser : « Puisque tu considères le toro comme l’animal más hermoso y valiente del mundo, pourquoi le tues-tu ? » La réponse immédiate – un peu spécieuse, je te l’accorde – est que ce cas de figure est classique dans les relations interhumaines. Pour rester dans le contexte taurin, revisite Carmen. Tu verras à quelle extrémité est poussé le pauvre Don José, qui immole l’amour de sa vie. Tu me rétorqueras que la jalousie peut être incontrôlable et que, tant qu’à faire, il aurait mieux fait d’estoquer Escamillo. De plus pour en revenir à l’arène, peut-on jalouser un toro ? Certes non, quoique… Le quidam peut se sentir complexé devant les attributs de virilité exhibés par l’animal, et dont

malheureusement, immolé, il sera peu amené à faire usage. Pour se consoler le spectateur jaloux dans le carcan de son humanité pourra se consoler en se remémorant in petto la boutade de Coluche : ce n’est pas parce qu’on a de grandes oreilles qu’on entend mieux.

Mais ta question, ouvrant un large débat, mérite des réponses plus sérieuses, circonstanciée et argumentées. Tu les trouveras, si tu aimes lire tant soit peu, dans l’ouvrage collectif Toréer sans la mort? – le point d’interrogation a son importance – (coordinateurs Jocelyne Porcher et Carlos Pereira. Éditions Quae. 2011. 325 pages).

Maintenant, si tu veux connaître ma position personnelle, je te répondrai en trois temps (trois, chiffre symbolique s’il en est en tauromachie).

  • la corrida est par essence un combat à mort. La corrida est de nature populaire : son but est de combattre et tuer le toro pour le manger en faisant la fête, comme en avaient l’habitude nos ancêtres les Gaulois au détriment des sangliers. Sinon, de tradition elle deviendrait simple folklore. Tes coreligionnaires estiment que le combat est inégal et que le toro (sauf indulto exceptionnel) meurt plus souvent que l’homme ; ils célèbrent avec joie la mort du torero dans l’arène, se gaussent lorsqu’elle survient, comme ils l’ont fait dans une émission puante sur une radio nationale, et profanent leurs statues. Encore heureux que le score ne soit pas de 50/50 ! L’idée est tellement saugrenue qu’elle ne mérite aucun commentaire ; il y en aurait tant !

  • l’estocade est l’instant où les terrains de l’homme et du toro ne font plus qu’un, où le danger est exacerbé, où le courage et l’honnêteté du matador seront jugés. Elle est une fin, au sens de but et au sens de terminaison. Dans toute œuvre, littéraire, théâtrale, cinématographique et même toute action, sportive ou quotidienne, peut-on imaginer une absence de conclusion, d’épilogue ? Tout simplement pourrait-on vivre dans un monde sans fin ?

  • enfin tuer le toro en coulisse, hors du regard du spectateur — car il faut bien achever l’animal blessé — n’est qu’hypocrisie. L’arène ne deviendrait alors qu’abattoir. Il est nécessaire au contraire de voir la mort, tellement occultée dans la société actuelle. La corrida est un spectacle grave, dans lequel le spectateur s’investit et qui lui fait ressentir et même subir des sentiments profondément enfouis, et elle tire de cette gravité toute sa valeur philosophique. Priver le toro brave de mort en public serait déclarer qu’il ne mérite pas cet hommage ni son destin. Mais, dis-moi, te soucies-tu de celui moins glorieux et probablement plus douloureux de l’huître qui périt broyée sous les molaires des gourmets. À ma connaissance tu n’as jamais défilé pour exiger « la mort dans la dignité » de ce mollusque.

 

Voici, c’est fini, le toro encore debout est en train de perdre la vie. Peut-être entendras-tu des palmas tombées des gradins. Chaque fois que ces battements de mains rythmiques naissent et s’amplifient, ils me révulsent. Toi aussi tu en seras incommodé mais ravi, croyant trouver là la preuve incontestable de notre sadisme. J’en souffre pour une autre raison. L’intention est bonne mais ridicule : ils veulent honorer la caste du toro qui jette ses dernières forces dans son combat perdu. Certes. Encore faut-il s’interroger : la durée de l’agonie relève, à mon sens, en premier lieu de la nature plus ou moins vitale des organes lésés. J’incite les applaudisseurs à se référer aux atlas d’anatomie bovine et imaginer les dégâts, variables, occasionnés par la trajectoire, forcément aléatoire, de la lame mortelle. Ces manifestations déplacées desservent notre cause. On n’applaudit pas un mourant quel qu’il soit – ce serait encenser la camarde – et je préfèrerais que le toro brave meure dans un respect silencieux pour honorer sa solitude qui est celle de chacun devant sa propre mort.

 

Je sais bien que tu ne le mérites pas et que je vais ainsi, comme il est écrit dans l’Évangile de Mathieu, « donner de la confiture aux cochons ». Mais j’ai un souvenir d’une telle

signification que je ne peux m’empêcher de le rapporter. J’avais un bon ami parisien, donc non suspect d’avoir des racines méridionales et une hérédité consanguine génératrice de monstres, devenu un aficionado (a los toros) passionné. Tu m’accuseras illico d’écrire une lapalissade (aficionado et passionné !) ; tu riras de cette redondance, ce pléonasme, cette tautologie, battologie, ce truisme (qui nous ramène au cochon). C’est volontaire de ma part, car il faut rabâcher : ce qui anime les gens de notre espèce, c’est bien la passion. Bref. Cet ami n’hésitait pas à parcourir huit cents kilomètres (aller et autant bien sûr, selon les lois de l’arithmétique et de la géographie, au retour) pour assister à une corrida. Il mourut. Il avait souhaité que ses cendres fussent répandues en terre de toros. L’Andalousie est lointaine, la Camargue fut choisie et l’opération eut lieu en très petit comité. La dispersion de ce qui restait de lui vint recouvrir la stèle d’un toro (car chez nous on donne une sépulture aux taureaux valeureux). Son petit-fils égraina sur sa jeune guitare quelques notes de Calogero. Ce fut tout mais très fort. Je pensai à un autre ami, champion de vol à voile, qui se tua en compétition ; j’ai encore en moi la vision du planeur emmenant sa femme déployer ses cendres au-dessus du Pic Saint-Loup. Dans les deux cas, pas de pompe artificielle, l’émotion à l’état pur. Et j’imagine pour le premier les molécules humaines et taurines mêlées pour un bon bout de temps. Devant cet exemple de communion extrême et définitive, pourras-tu encore sans réfléchir proférer des imprécations et menaces réductrices, dérisoires et grotesques ? Je crains que oui, car la sagesse populaire nous enseigne qu’il n’y a que les imbéciles qui… etc.

 

Naissance, vie et mort. Tel est le cycle immuable et universel. Qu’il concerne le toro, un individu, un peuple, une civilisation, ou les monuments les plus solides jamais construits, ou les pensées les plus élevées jamais écrites ou exprimées. A l’échelle du cosmos les planètes sont soumises au même avenir. Disparaître, ou se transformer provisoirement avant de disparaître. Tu es poussière et tu redeviendras poussière, une poussière d’atomes, sans savoir s’il se trouvera quelqu’un ou quelque chose pour épousseter : ma femme peut-être, qui est méticuleuse nuance obsessionnelle et qui n’est pas du genre à glisser la poussière sous le tapis.

« Mementomori» (n’oublie pas que tu vas mourir), ressassait un esclave à l’oreille du général vainqueur, lors des Triomphes romains. Il faut attendre l’issue fatale, en guise de conclusion, pour mettre en perspective l’ensemble d’une vie ou d’une civilisation et juger de son importance à l’aune de l’Histoire, pour autant qu’il persiste au bout une conscience capable d’en juger.

Et l’on voudrait que notre chère corrida échappe à ce triste sort ? Ne t’inquiète donc pas : la corrida va disparaître… un jour. Mais, même une fois disparue, elle restera un marqueur indéniable dans l’évolution de l’humanité. D’ici là nous tenons à garder dans nos cœurs de vivants et de privilégiés, comme l’a proclamé Marie Mauron (Éditions Albin Michel. 1949. 320 pages), le taureau ce Dieu qui combat, et qui en vaut bien un autre.

Excuse-moi, je m’enflamme, je m’exalte et je m’élève (ou je m’enfonce) trop. Faisons simple. Je te dis : carpe diem, profite de tes passions – mais je ne suis pas sûr que tu en aies – et laisse-nous profiter de la nôtre ; il sera toujours temps ensuite de reposer en paix.

Et puis, tiens, avant de cacheter l’enveloppe, je te fais une ultime confidence triviale qui a valeur d’exemple et d’exemplarité : no me gusta nada el queso. Je n’agresse pas pour autant ceux qui l’adorent et qui l’achètent. Sinon, tu imagines le chaos sur les marchés !

 

Bien à toi.

 

Robert Régal

 

Commentaires
N
Quelle émotion, quelle force porte ce texte ..!!!<br /> <br /> Merci Robert d'avoir si bien su mettre en avant tout ce qui est la passion - l'aficion - à travers toute la richesse de ces références.<br /> <br /> Tous ces mots qui sonnent juste - Magnifique !!<br /> <br /> Dalia NAVARRO - Arles
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M
Magnifique texte un grand merci Myriam
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